Retrouvailles

L'étalon galopait comme un fou dans la neige. Il aimait tant cette mousse blanche, la voir voler autour de lui, la sentir crisser sous ses sabots ! Quel bonheur ! Il se lança dans une série de sauts de joie. Ce n'est qu'au dernier moment qu'il aperçut qu'il se dirigeait droit vers un immense lac gelé. Oulala, il ne l'avait pas vu celui-là ! Il freina de toute urgence, mais dérapa sur la glace. Il se sentit glisser. In extremis il réussi à rester sur ses quatre pieds.

*J'ai évité une belle gamelle de peu ! J'espère que personne ne m'a vu...*

Justement, c'est Cherokee qui avait pu assister au gag. Il ne dit rien, mais se mit à rire discrètement, au bord du lac. Il ne voulait pas se retrouver dans le même état, lui, alors il se contenta de rester dans son coin.

Hazar se retourna et aperçu un cheval. Pour la discrétion, c'était raté... Mais ce cheval avait quelque chose de familier, sans qu'il ne pût savoir pourquoi. Curieux, il s'approcha, remontant non sans peine sur la terre ferme.

L'inconnu s'approchait alors de lui. Il ne bougea pas et le détailla. Il était à peu près certain qu'il ne le connaissait pas.

Hazar continuai de se rapprocher. Il s'arrêta quelques mètres du cheval, tendit son encolure, s'ébroua. Il considéra l'individu avec attention. Oui, décidément, il lui rappelait quelqu'un. Mais il ne savait ni où il avait pu l'avoir croisé, ni à quelle occasion. Intrigué, il ne put s'empêcher de demander :
-Excuse-moi... On ne s'est pas déjà vu quelque part ?

Cherokee ne se rappelait pourtant pas du blanc. Il avait beau écarquiller les yeux, zoomer sur l'étalon qui se tenait devant lui ; rien n'y faisait. Ah.. Marcel, c'est toi ?

-Mais non c'est pas Marcel... C'est Jean-Jacques !
Soudain un flash-back illumina les pensées de l'étalon. Le désert, la fatigue, le repos, le serpent, le cheval. Il était à présent quasiment certain que le cheval qui se tenait devant lui l'avait, un jour, sauvé de la piqûre mortelle d'un serpent qui avait tenté de l'attaquer pendant son sommeil. Mais les deux étaient restés très peu de temps ensemble ; rapidement, leurs routes avaient bifurquées. De plus Hazar avait beaucoup changé depuis : il avait grandi, il était plus fort, son poil qui autrefois était gris était à présent d'un blanc éclatant.
-Tu ne te rappelle pas ? Dans l'immense désert qui enveloppe tout le Sud, je suis Hazar, le poulain gris que tu as sauvé d'un serpent !

Il le regarda, longtemps, le détailla, le mesura. Après plusieurs minutes de réflexion, il déclara : Hazar, c'est impossible ! Ça faisait si longtemps ! Comment tu vas ? Ouah, t'as changé !